Ventilus & Boucle du Hainaut : l'épine dorsale de l'avenir énergétique de la Belgique
La transition énergétique n'est plus un mot à la mode. Elle est pleinement en cours et la Belgique y joue un rôle clé. Mais un avenir durable ne commence pas seulement avec des éoliennes et des panneaux solaires. Un réseau électrique robuste, capable de gérer et de distribuer l'énergie verte est également indispensable. C'est précisément là que Ventilus et la Boucle du Hainaut font la différence.
La Belgique est en train transitionner du nucléaire et des combustibles fossiles vers des sources d'énergie renouvelables. Maintenant que le gouvernement a décidé de continuer malgré tout à miser sur l'énergie nucléaire, le passage à l'énergie verte s’en voit ralenti. Le courant vert vient souvent de loin : parcs éoliens offshore en mer du Nord, champs solaires dans le sud ou réseaux internationaux. Ce qui est certain, c'est que l'énergie verte prend sa place aux côtés de l'énergie nucléaire. Sans l'infrastructure adéquate, toute cette énergie renouvelable est bloquée. Nos lignes à haute tension sont dépassées et ne sont pas conçues pour cette nouvelle réalité.

Ventilus en Flandre et la Boucle du Hainaut en Wallonie sont des projets lancés pour faire face à ces difficultés. Ensemble, elles forment une épine dorsale moderne pour le réseau électrique belge. Et pas seulement pour la Belgique : elles sont également cruciales au niveau européen. Elles renforcent les connexions entre les pays et contribuent à la mise en place d'un réseau énergétique intégré et transfrontalier.
Les défis sont réels. Les préoccupations locales en matière de santé, d'habitabilité et d'impact sur le paysage méritent d'être prises en compte. Mais retarder ces projets a un coût élevé. Sans eux, il devient difficile d'obtenir de l'énergie éolienne supplémentaire, de renforcer les échanges internationaux d'énergie ou de faire face aux pics et aux pénuries.
À l'heure où la sécurité énergétique et la politique climatique sont au cœur des préoccupations, Ventilus et la Boucle du Hainaut ne sont pas un luxe, mais une nécessité.
Qu'est-ce que Ventilus et pourquoi le projet est-il si controversé ?
Ventilus est une nouvelle ligne à haute tension de 380 kV en Flandre occidentale . Elle devrait permettre d'acheminer l'énergie verte produite par les parcs éoliens en mer vers l'intérieur des terres. La ligne relie la station de transformation d'Avelgem à la région côtière.

Ce qui rend Ventilus sensible, c'est son tracé : une grande partie sera construite en surface, ce qui a suscité des inquiétudes parmi les habitant.e.s en matière de santé, de pollution du paysage et de valeur des biens immobiliers. Pourtant, des études techniques approfondies montrent que les alternatives souterraines sont techniquement plus complexes, beaucoup plus coûteuses et impossibles à réaliser. Malgré les résistances, le projet reste essentiel pour atteindre les objectifs climatiques de la Belgique.
La Boucle du Hainaut, trait d'union entre la Wallonie et l'Europe
La Boucle du Hainaut est un renforcement du réseau à haute tension dans le Hainaut, avec une structure en anneau autour de Charleroi et de Mons. Elle améliore le flux d'énergie dans le sud du pays, où l'infrastructure est plus faible qu'en Flandre.

La Boucle permet d'acheminer davantage d'électricité renouvelable de la Wallonie vers le nord et vice versa. Elle renforce également la connexion avec la France, un partenaire important du réseau énergétique européen. Ce projet est de nature plus technique, mais d'une importance stratégique au moins égale.
Le coût de l'inaction - pourquoi les retards dans la transition énergétique deviennent inabordables
La transition énergétique n'est pas seulement une nécessité écologique, c'est aussi une réalité économique. Ceux qui sont à la traîne le paieront - littéralement. La Belgique risque de se voir infliger de lourdes amendes par l'Europe dans les années à venir si elle n'atteint pas ses objectifs en matière de climat. Et le temps presse.
Selon la loi européenne sur le climat, la Belgique doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'au moins 47 % d'ici à 2030 par rapport à 2005 (pour les secteurs non soumis à l'ETS, tels que les transports, l'agriculture et les bâtiments). Sans une énergie suffisamment produite par des sources renouvelables et un réseau électrique robuste, cet objectif devient irréalisable.
Des analyses européennes montrent que si la Belgique continue à ne pas respecter ses engagements, elle risque de payer des centaines de millions d'euros par an sous forme d'amendes ou de devoir acheter des droits d'émission à des pays plus performants. Dans un scénario récent du Service fédéral du climat, ce montant pourrait atteindre plus d'un milliard d'euros par an d'ici à 2030.
Ces sanctions financières ne sont pas une fiction. Par le passé, la Belgique a déjà reçu des avertissements de la Commission européenne concernant l'absence d'une vision climatique cohérente. Et ces avertissements deviennent de plus en plus sévères à l'approche de 2030.
Ce qui rend la situation si embarrassante, c'est que l'argent qui servirait à payer les amendes pourrait également être utilisé pour trouver des solutions, comme des investissements dans l'infrastructure énergétique, la rénovation des logements, la mobilité durable et l'innovation. Chaque euro perdu par la Belgique à cause de la procrastination est une opportunité manquée pour une croissance durable et l'emploi.
Des projets comme Ventilus et la Boucle du Hainaut sont donc plus que des interventions techniquement nécessaires. Ils constituent un levier pour atteindre les objectifs climatiques, éviter les risques financiers et nous positionner en tant qu'économie moderne et tournée vers l'avenir.
C'est simple : le coût de l'inaction est supérieur à l'investissement dans le progrès. C'est à nous de choisir, mais le temps qui nous est imparti est de plus en plus court.